Le vendredi 10 novembre, une nouvelle convention d’assurance chômage a été signée par les organisations patronales et par la CFDT et la CFTC. Au menu, une nouvelle baisse des droits pour les privés d’emploi et de nouveaux cadeaux pour le patronat !
Dans un contexte marqué par une inflation massive qui touche de plein fouet l’ensemble des travailleurs et de manière encore plus dramatique les travailleurs privés d’emploi et les travailleurs précaires, le patronat impose une mensualisation des allocations chômage qui aboutira à faire perdre en moyenne 30€ par mois à ceux qui n’arrivent déjà pas à boucler leurs fins de mois ainsi qu’un décalage de 53 à 55 ans pour pouvoir être indemnisé plus longtemps et de 62 à 64 ans pour pouvoir bénéficier d’un maintien des droits jusqu’au départ à la retraite à taux plein !
Ce faisant, ils entérinent le passage en force de la réforme des retraites, alors même que le taux de sous-emploi des séniors est endémique en France, que ceux-ci sont de plus en plus massivement rejetés du « marché du travail » par l’ensemble du patronat !
L’objectif ? Dégager une « économie » de 1,4 Mds€ afin de financer les baisses de cotisations sociales relatives à l’Assurance chômage que contient ce même accord et qui entrainera une baisse de ressources de 1,5 Mds€ par an pour les caisses de l’Unedic !
Autrement dit, 1/ malgré les subventions publiques massives versées au patronat pour créer des emplois qu’il n’a pas créé, 2/ malgré la prise en charge par les contribuables et l’Unedic des effets de la crise économique qui a débuté en 2008 et dont les manœuvres des élites financières sont les seules responsables, 3/ malgré la prise en charge par les contribuables et l’Unedic de la crise du Covid via le chômage partiel, 4/ malgré l’obtention, depuis plus de 30 ans et avec la complicité active des gouvernement successifs, d’importantes baisses de cotisations sociales dans tous les domaines, qui ont mis en péril notre système de protection sociale, avec les effets dévastateurs sur la population que nous subissons tous, le patronat n’est pas encore satisfait et en redemande !
Les arguments invoqués pour justifier cette nouvelle attaque contre notre salaire socialisé sont toujours les mêmes : les TPE/PME seraient étranglées par les « charges » et les droits trop protecteurs et les salaires trop élevés dissuaderaient les investisseurs de créer des emplois en France. Or, rappelons-nous que plus de 60% des TPE/PME en France sont en réalité les sous-traitants de multinationales françaises ou étrangères et que ce sont ces dernières qui, en imposant des prix trop bas à leurs fournisseurs de bien ou de services, les mènent au bord de la faillite ! Que ce sont les actionnaires de ces mêmes entreprises qui ont organisé et bénéficié de la spéculation sur les produits énergétiques et les matières premières dont les petites entreprises paient aujourd’hui l’augmentation ! Que les dividendes versées aux actionnaires ont explosé ces deux dernières années de crise !
Un autre argument invoqué pour justifier ce nouveau rabotage des droits des travailleurs privés d’emploi et précaires sont les soi-disant tensions sur le marché du travail et l’incivilité des chômeurs et des travailleurs précaires qui, pour le premier, préfèrent rester au chômage plutôt que de travailler et, pour les seconds, aiment la précarité au point qu’ils préfèrent y rester ! Cette inversion des responsabilités qui consiste peu ou prou à faire des chômeurs et des travailleurs précaires les responsables de leur sort et de la stagnation économique du pays est proprement scandaleuse ! C’est bien le grand patronat qui organise le chômage en délocalisant, depuis plus de 40 ans, des pans entiers de la production dans des pays où la main-d’œuvre est moins chère et moins protégée par le droit ! C’est bien lui qui organise le sous-effectif chronique en ne remplaçant pas les travailleurs qui quittent l’entreprise et en exigeant toujours plus de productivité aux travailleurs en poste, au mépris de leur santé physique et mentale ! C’est bien lui qui impose la précarité par le recours aux CDD, à l’intérim, aux temps partiels contraints, à l’auto-entreprenariat contraint ! C’est bien lui qui a tout fait pour privatiser le service public de la formation professionnelle, remplaçant des formations de fond et de qualité par des prestations coûteuses et inutiles ! Et tout ça pour générer, encore et toujours, plus de profit et verser plus de dividendes aux actionnaires plutôt que de créer des emplois !
Le patronat et le gouvernement pensent que nous avons la mémoire courte et que nous ne savons pas compter, que nous avons oublié les fermetures d’entreprises et les plans de licenciement, le « dégraissage » des services publics et la destruction systématique de l’appareil productif du pays qui ont été le point de départ du chômage de masse structurel en France. Que nous ne savons pas faire le ratio entre les 300 000 emplois – pour la plupart précaires, dégradés et mal payés – aujourd’hui disponibles et les 6 millions de travailleurs privés d’emploi et précaires actuellement inscrits à Pôle emploi.
Or, ce n’est pas le cas et contrairement à la CFDT et à la CFTC qui n’ont pas hésité à signer cet accord indigne, nous ne nous laisserons pas salir, humilier, diffamer, affamer, assassiner, sans rien dire ! Nous ne laisserons pas les grands patrons et les actionnaires s’enrichir en faisant encore un peu plus les poches de tous les travailleurs !
Les 30 Novembre et 2 Décembre : tous et toutes dans l’action !