La loi « pour le plein emploi » est basée sur une posture idéologique toute pourrie : les chômeur.euse.s seraient des feignant.e.s trop indemnisé.e.s , et on serait dans le plein-emploi. Il faudrait sanctionner les feignant.e.s pour qu’iels retrouvent un emploi.
Cette loi va faire de graves dégâts chez les plus fragiles d’entre nous, renvoyé.e.s à leur «responsabilité individuelle» pour améliorer leur quotidien.
Mais il y aura aussi des gagnants dans la mise en oeuvre de cette loi : Les vautours de l’emploi, ces prestataires privés réalisant des “prestations d’accompagnement”, vont s’en mettre plein les poches.
Pratiquement, les ayants-droits et leurs conjoints devront obligatoirement s’inscrire au premier janvier 2025, et réaliser 15h d’«activités» par semaine.
On en sait maintenant plus sur la mise œuvre humiliante et chaotique de ce programme.
Expérimentations : Des résultats calamiteux
Les « expérimentations » du dispositif de flicage intense des allocataires RSA affichent des résultats minables :
Au bout de 6 mois, 16% d’allocataires RSA décrochent un «emploi durable», (au moins un CDD de 6 mois, éventuellement à temps partiel).
Les 84% restants devront attendre.
Que les 16% craquent et laissent -temporairement- la place aux autres, dans un mouvement de manège infernal ?
(F)rance travail ne donne évidemment aucun chiffre de reclassement réel (CDI temps plein), leurs chiffres seraient trop mauvais. Et aucun suivi sur le long terme des «accompagné.e.s» n’est prévu. Trop humain. Trop coûteux pour Macron et ses copains.
Ruissellement en vue pour les vautours de l’emploi
Lee budget des prestations privées (vautours de l’emploi) va augmenter de 80%. Rappel : L’actuel ministre de l’industrie, Marc Ferracci, ex co-rapporteur de cette loi pour le plein emploi, est au cœur de cette décision. Hasard complet, il en bénéficie à titre personnel !
La privatisation massive du service public est donc nettement accélérée.
Les vautours de l’emploi vont littéralement se gaver sur le dos des chômeurs : Le budget alloué aux prestations d’accompagnement va passer de 600 M d’€ à 1 milliard d’€.
Usine à gaz administrative
Avec l’obligation de s’inscrire à France Travail, le nombre d’inscrits va exploser. Une augmentation de 1,5 millions d’inscrits est prévue, ce qui fera passer le nombre d’inscrits à (F)rance Travail de 20% à 25% de la population active ( on est très très loin du «plein emploi» annoncé).
En revanche, les effectifs des agents de (F)rance Travail vont diminuer.
L’intelligence artificielle vous mettra dans la bonne case
Pire encore, une fois “contractualisé” vos “engagements réciproques”, les agents (F)rance Travail seront “guidés” par l’intelligence artificielle pour accélérer leurs «diagnostics» et leurs «orientations».
Une fois saisi le profil social et professionnel dans l’ordinateur, l’intelligence artificielle France Travail vous mettra dans telle ou telle case, tel ou tel type de suivi, telles ou telles obligations. Comme il n’y aura pas assez d’accompagnement humain pour tous, (F)rance Travail vous proposera certainement un accompagnement d’un vautour de l’emploi et/ou tout un tas d’applications, de sites où s’inscrire, de formations à distance et de réunions en visio. Le traitement de masse des chômeurs est au coeur du dispositif.
Nous serons ballottés entre les missions locales, Pôle emploi, CAP emploi, les services sociaux départementaux et les requins «prestataires», sans suivi humain, global et personnalisé sur le long terme. Les agents (F)rance travail seront trop occupés à remplir leurs tableaux Excel pour vous recevoir physiquement.
Le numérique, au coeur du flicage
Le contrôle de la recherche d’emploi, multiplié par trois, sera sans pitié.
Mais comme il y aura de plus en plus d’inscrits, le numérique, là aussi, permettra de faire du “traitement de masse” du contrôle de la recherche d’emploi.
Le «tableau de bord numérique» à remplir soi-même toutes les semaines permettra d’alimenter votre dossier personnel informatique, et un algorithme détectera ceux qui ne remplissent pas assez leur dossier. Les rappels à l’ordre puis les sanctions progressives vont tomber presque automatiquement.
C’est pourquoi les conseillers (F)rance travail feront tout pour vous former aux outils numériques. Sans vous dire bien sûr que vous avez le droit de ne pas remplir ces bases de données.
Rappel : Quand vous êtes inscrit.e, seule la recherche d’emploi est obligatoire, pas les outils numériques de flicage (F)rance travail.
Situation sociale explosive
Sous la pression du flicage et la complexité des accès, les non-recours vont encore augmenter.
Le nombre d’emplois décents disponibles n’étant pas élastique, les candidats seront mis en concurrence les uns contre les autres pour postuler sur les emplois dont personne ne veut. Objectif : Turnover et précarité.
Dans la détresse, nous serons toujours plus nombreu.x.ses à nous retrouver encore sans solution concernant nos besoins fondamentaux : L’accès à la santé, un logement, une formation de qualité, des transports publics …
Pour tout ça, on nous expliquera que ce sera «plus tard».
Pétages de plomb en vue des deux côtés du guichet.
Faire mieux avec moins
Les départements qui « gèrent » le versement du RSA veulent le faire pour “le moins cher possible”.
Il y a fort à parier que chaque structure composant les «Réseaux pour l’emploi», débordée, fera tout pour payer le moins d’allocations, et pour se débarrasser d’un maximum de salarié.e.s privé.e.s d’emploi.
Une logique économique qui a fait la preuve de son échec
Depuis l’émergence du chômage et de la précarité de masse en 1974, le patronat et ses laquais ne cessent de répéter «il faut accepter de sacrifier des emplois pour en sauver d’autres» et «la précarité permet d’accéder, ensuite, à des emplois stables».
Les licenciements massifs, les privatisations, les spécialisations de production (désindustrialisation), les échanges commerciaux débridés sans respect des hommes ni des écosystèmes, et l’informatisation devaient nous apporter une croissance «ruisselante».
50 ans plus tard, aucune promesse n’est tenue. La politique du CAC40 nous envoie dans le mur. Socialement, politiquement, économiquement, écologiquement.
Pas d’amélioration en vue sur les salaires ou les conditions travail
Les centaines de milliards déversés aux entreprises pendant la mandature Macron n’ont eu aucun effet sur la création d’emploi. Les salaires stagnent et les conditions de travail se dégradent continuellement. Le turnover bat des records tous les ans.
Les actionnaires du CAC40 sont gavés d’argent public, et laissent derrière eux des services publics de plus en plus dégradés (santé, éducation, logement, justice…)
Le gouvernement Barnier, aux ordres des patrons et des fascistes, mène la même politique pourrie : Ce serait aux travailleur.euse.s de se serrer la ceinture pour se soumettre aux «agences de notation» au service bien sûr du CAC40.
Un autre monde du travail est possible
Il est plus que temps que l’organisation du travail à l’échelle du pays permette à chacun.e d’entre nous d’avoir une vraie place dans la société.
Le partage des richesses, du travail, la mise en place des 32h, la reconnaissance de la pénibilité, l’égalité femme-homme, sont les solutions. En attendant, il est impératif que tou.te.s les salarié.e.s privé.e.s d’emploi soient indemnisé.e.s à hauteur de l’ARE (allocation retour à l’emploi) minimale, soit 1000 € par mois.
Il est temps aussi de rétablir plus d’impôts progressifs, pour que chacun participe à hauteur de ses possibilités au financement de l’Etat.
Nous devons aussi arrêter d’inonder d’aides financières les entreprises sans contrepartie ni contrôle.
Une protection sociale de haut niveau est indispensable parce qu’on ne choisit pas d’être en fragilité.
La femme et l’homme sont une richesse et non un coût
Une seule solution : S’organiser et lutter
Barnier a dû reculer sur la dernière convention d’assurance que Macron voulait faire passer en force. Rejoignez-nous pour défendre vos droits et votre dignité, et gagner de nouveaux droits. L’avenir n’est pas écrit, écrivons-le ensemble.