En décembre 2021, un groupe de stagiaires effectuant une formation au titre professionnel d’agent magasinier au sein de l’organisme de formation professionnel privé Solidarité et Jalons pour l’emploi (SJT) dénoncent la mauvaise qualité de leur formation d’agent magasinier. La formation est financée par Pôle Emploi au titre de la réinsertion et de la reconversion professionnelle des privés d’emploi.
Ils dénoncent, entre autres, de mauvaise conditions de formation (manque de salles, matériel insuffisant pour l’ensemble des stagiaires, harcèlement moral de la part de l’équipe de direction, mauvaise gestion d’un cluster pendant la pandémie, etc.), de trous dans leur formation du fait d’un manque récurrent de formateurs qualifiés et la mauvaise qualité du contenu pédagogique qui ne les prépare pas au métier visé.
Soutenus par la CGT, de multiples démarches ont été effectuées depuis décembre par les stagiaires auprès de la direction de SJT, de Pôle Emploi, de la Région et le de l’Inspection du Travail (DRIEETS) pour régler l’ensemble des dysfonctionnements. Cependant, aucune solution n’a été trouvée : SJT possède les certifications lui permettant d’obtenir des financements publics et Pôle Emploi et la Région continuent de lui envoyer des stagiaires et de lui payer des formations.
En février 2022, d’autres stagiaires chez SJT rencontrant les mêmes problématiques sont à leur tour entrés dans la lutte. Ils revendiquent une formation de qualité les menant vers un emploi stable, soulignant le fait que nombre d’entre eux se sacrifient pour pouvoir suivre cette formation et trouver un emploi, leur allocation de Pôle Emploi ne dépassant pas les 600 euros par mois. À leurs demandes et démarches, la direction de SJT n’a répondu que par des pressions, des injonctions au silence, allant même jusqu’à proférer des menaces de procès en diffamation.
La situation que rencontrent les stagiaires de SJT n’est pas un cas isolé : de très nombreux organismes privés dispensent des formations de très mauvaise qualité et ne sont presque jamais sanctionnées par les pouvoirs et institutions publiques, leurs principaux financeurs. Ces dérives se sont notamment accentuées avec la monétarisation des droits à la formation depuis la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » et qui a transformé la formation professionnelle continue en un véritable business juteux !
Face à l’inaction, voire la complicité de l’Etat et ses institutions devant les abus des organismes de formation privés, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes. C’est pourquoi, la CGT a décidé de mettre en lumière le scandale de la formation professionnelle en France en lançant une grande campagne de témoignages sur les abus des organismes de formation privés : « Stop formations bidons » et d’exiger la mise en place d’un véritable service public de la formation professionnelle, géré par les travailleurs et les usagers.
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Nous tenons à préciser que pour l’ensemble des points soulevés dans notre communiqué de presse, nous disposons de témoignages de nombreux stagiaires !
Ci-dessous, nous publions le droit de réponse de SJT :
« Le 11 mars 2022, la « CGT Chômeurs et précaires » de Paris a publié un communiqué de presse mettant gravement en cause l’association Solidarité et Jalons pour le Travail (SJT), en faisant publiquement état d’une prétendue « mauvaise qualité de la formation », de « pressions » et de « menaces de procès en diffamation », allant jusqu’à qualifier les pratiques de SJT de « dérives ».
SJT, association à but non lucratif, entreprise solidaire d’utilité sociale (ESUS) dément formellement ces allégations, qui mettent gravement en cause l’engagement et l’intégrité de ses 400 salariés qui œuvrent auprès de 27.000 bénéficiaires les plus précaires, sur 63 sites de formation, depuis 43 ans.
Les affirmations contenues dans ce communiqué contreviennent fortement à la réalité de l’activité et des prestations proposées par SJT. Elles concernent un groupe de 10 stagiaires ayant bénéficié d’une formation de « Titre Professionnel d’Agent Magasinier », formation financée par Pôle Emploi :
- – « Mauvaise qualité de formation » : tous les stagiaires concernés ont obtenu leur titre professionnel à l’issue de la formation, le taux de réussite est de 100%; Tous les questionnaires d’évaluation de la formation font au contraire état d’une grande satisfaction des stagiaires à l’issue de leur formation, y-compris celui rempli par BELLO, ancien stagiaire de notre organisme présenté comme le « contact presse » de la CGT.
- – « Harcèlement moral de la part de l’équipe de direction » : cette affirmation ne correspond à aucune réalité et ne repose d’ailleurs sur aucune preuve concrète.;
- – « Mauvaise gestion d’un cluster » : Il n’y a jamais eu de cluster à SJT pendant toute la durée de la pandémie. SJT a scrupuleusement respecté le protocole sanitaire qui lui était applicable et dispose d’un référent COVID sur chaque site. Les règles de distanciation étaient systématiquement respectées ainsi que le port du masque obligatoire. La signalétique et l’affichage de nos centres étaient complets. Le formateur référent ainsi que l’ensemble du personnel étaient en charge du respect et l’application de ces mesures.
- – « Trous dans la formation » : ces prétendus « trous » correspondent aux périodes de recherches personnelles prévues par le dispositif de formation tel qu’il est conçu par Pôle Emploi et qui font intégralement partie de l’acte pédagogique ;
- – « Menaces de procès en diffamation » : c’est au contraire SJT qui a été victime d’un chantage de la part d’un stagiaire, en l’occurrence une tentative d’extorsion de fonds, et a été dans l’obligation de se défendre ; ces faits ont été dénoncés par SJT auprès de Pôle Emploi, financeur de la formation.
- La CGT s’étonne que l’association SJT poursuive son activité, alors qu’elle avait, avant même de prendre contact avec SJT et sans aucun élément de preuve ni explication de la part, dénoncé ces prétendus dysfonctionnements auprès de ses 2 principaux financeurs : la région Île de France et Pôle Or, ces dénonciations ont déclenché des audits de la part des financeurs qui n’ont relevé aucun dysfonctionnement.
De son côté, SJT, afin de motiver les bénéficiaires, a décidé de financer à sa charge le Certificat d’Aptitude à la Conduite en Sécurité (CACES), non prévu par la formation financée par Pôle Emploi, pour les 10 stagiaires concernés, dont celui déclaré «contact presse» de la CGT dans le communiqué. Ce dernier avait à l’issue de son stage indiqué à SJT que la formation suivie pouvait être évaluée comme « très satisfaisante », précisant même avoir bénéficié « d’un accompagnement professionnel et adapté pour nous préparer au passage de l’examen devant le jury et nous sommes très satisfaits de cette période de préparation ».
L’association SJT conteste donc la présentation volontairement erronée qui est faite par la CGT du déroulement de la formation « Titre Professionnel Agent Magasinier », qui ne correspond absolument pas à la réalité de ses pratiques et de ses résultats. »