« Réforme » de l’assurance chômage : Le plein emploi du gouvernement, c’est toujours plus de précarité

Après avoir mis en oeuvre une décote de 25% de l’allocation chômage des précaires, Macron fait cette fois-ci baisser la durée de l’assurance chômage de 25%.

Cette nouvelle attaque du gouvernement contre les travailleuses et les travailleurs, en particulier les plus précaires, va encore diminuer le recours à l’assurance chômage – donc augmenter le recours au RSA. Cette attaque est un énième rapport de force capital/travail servi par un discours profondément malhonnête.

Les lois « obligation d’accepter un CDI après un CDD » et « impossible de faire un abandon de poste » sont quand à elles méprisantes, cuplabilisantes, et inapplicables.

Voici notre analyse des deux aspects, financier et idéologique, de la « réforme », et nos pistes de ripostes possibles

Volet financier de la réforme

C’est toujours les mêmes qui trinquent

Alors que les employeurs touchent 157 Milliards d’aides par an (de quoi payer 4,6 millions de salariés à 2000€ brut par mois), seulement 40% des 6 millions d’inscrits au Pôle emploi sont indemnisés. Le budget de l’assurance chômage, payé par les cotisations des salariés, est de 35 Milliards d’euro.

Le gouvernement a choisi de faire payer les salariés.es privés.es d’emploi, en réduisant la durée maximale d’allocation.

Rappel : Dans les précédents décrets Macron d’assurance chômage, applicables depuis le 1er octobre 2021, les salariés en CDD et intérim, et les saisonniers, ont déjà vu leur allocation baisser de 25%.

Mais pour Macron, c’est pas encore assez.

Cette fois-ci, c’est sur la durée de tous les allocataires que la décote de 25% s’applique

source : FranceTVInfo

 

Cette baisse drastique des allocations des salariés précaires est à comparer à la surcote de 1% concernant une toute petite partie des employeurs qui abusent de la précarité (ceux qui embauchent entre 175 salariés et 365 salariés par an, pour un effectif de 100 salariés. Soit un turn-over à peine croyable).

Seuls les employeurs qui sont au-dessus de la moyenne du secteur payent une surcote de… 1%

 

 

Oui, vous avez bien lu. 1% ! (en effet, le taux normal est de 4,05% et il peut osciller pour les  les secteurs ayant le plus recours au turn-over de 3 à 5,05 % )

Il suffirait de faire payer les profiteurs de la crise pour financer une protection sociale de haut niveau, par exemple en imposant une surcotisation sur TOUS les emplois précaires de 30%.

Ce ne serait que justice, car comme le dit le conseil d’Etat  « l’alternance de périodes d’activité et de périodes d’inactivité est le plus souvent une situation subie par les salariés, qui sont rarement en capacité de négocier leurs conditions de recrutement » argument de la DARES repris par le Conseil d’Etat le 22 juin 2021

Nota : Vous avez remarqué que depuis 40 ans, l’existence d’un chômage de masse s’accompagne d’une explosion de la précarité ?

 

Quand un salarié précaire chasse un autre salarié précaire… Plus il y a de chômage, plus il y a d’embauche ! (comprendre turn-over sur contrats pourris) Source : ACOSS

Volet idéologique de la réforme

Pour faire passer la pilule, le gouvernement aidé par Les Républicains continue de faire passer les salariés.es privé.es d’emploi et les précaires pour des feignants.

Les amendements que les Républicains ont réussi à faire passer à l’Assemblée Nationale complètent un discours idéologique nauséabond sur les chômeurs assistés qui ne veulent pas bosser « je traverse la rue, je vous en trouve du travail« . Ce discours maintes fois dénoncé par ceux qui sont en contact avec la réalité des difficultés rencontrées par les salariés privés d’emploi…

Pour pouvoir prétendre à l’assurance chômage, il sera donc désormais obligatoire d’accepter un CDI à l’issue d’un CDD ou d’un contrat de travail temporaire, et l’abandon de poste sera considéré comme démission.

Les salariés.ées devront donc accepter un CDI avant de se faire licencier pour faute (perdant ainsi la prime de précarité et le préavis) avant de pouvoir prétendre à l’assurance chômage, si ils.elles avaient prévu de n’occuper que provisoirement un emploi.

Concernant les abandons de poste, ils sont extrêmement minoritaires. Là aussi, pour garder -au moins une partie de- ses droits, il vaut mieux se faire licencier pour faute.

Les rapports sociaux ne vont pas s’améliorer dans les entreprises qui proposent des emplois tellement dégradés que personne ne veut aller y travailler…

Les chiffres du chômage : nier la réalité pour mieux pressurer les salariés.es

La façon dont on comptabilise les salariés.es privés.es d’emploi sera le paramètre futur pour définir la durée de l’assurance chômage.

Le gouvernement affiche fièrement le chiffre de l’INSEE de 7% (dit aussi « chiffre du Bureau International du Travail » BIT), face à la réalité du nombre d’inscrits au Pôle emploi.

La différence entre les deux ? Presque rien, juste 13 % !

Rappel : Pourquoi les chiffres diffèrent-ils ?

L’INSEE se base, pour donner ses chiffres, sur un sondage réalisé auprès de 110.000 personnes, et pour être comptabilisés, ils ne doivent pas avoir travaillé, ne serait-ce qu’une heure, durant la semaine écoulée, et être disponibles dans les quinze jours (sont ainsi exclues les personnes en formation ou en arrêt maladie).

Pôle emploi, lui, comptabilise toutes les personnes inscrites.

Le nombre d’inscrits au Pôle emploi est de 20% de la population active, pas 7% !

  

source : Pôle emploi

Si la moitié des inscrits a occupé un emploi le mois écoulé, il n’en demeure pas moins que, s’ils restent inscrits, c’est qu’ils ne sont pas satisfaits de leur emploi en CDD, en intérim, ou à temps partiel. Ce que veulent ces salariés précaires, c’est un contrat qui leur donne des droits, qui leur permet de sortir de la précarité économique et psychologique, de prendre des vacances, bref d’avoir une vraie vie.

Mais alors, comment faire ?

Le gouvernement applique des mesures déconnectées de la réalité, injustes, et néfastes pour l’ensemble des travailleuses et travailleurs.

Dans la vraie vie des solutions existent, comme réduire le temps de travail et pénaliser le recours au emplois précaires.

Mais, aveugle et sourd à l’évolution de la société, le Gouvernement et Les Républicains veulent toujours plus pressurer les salariés.es.

IL EST PLUS QUE TEMPS DE BLOQUER CES PARASITES QUI POURRISSENT NOS VIES.

Rejoignez-nous, pour s’organiser et riposter !          

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