50% d’offres d’emploi ILLEGALES dans le Rhône ! – Dossier de presse

Le 2 mars 2020, à l’Union Départementale CGT du Rhône, le CTPEP de Lyon a mené une nouvelle enquête sur les offres d’emploi que propose pole-emploi.fr dans la continuité des études menées nationalement en 2018, 2019 et 2020 ainsi que localement à Lorient, auparavant déjà à Lyon, à Montreuil, …

Les offres et grilles d’analyse scannées sont trouvables en fin d’article, dans un lien redirigeant vers un dossier Google Drive.

 

Quel intérêt pour la CGT d’étudier les offres disponibles sur pole-emploi.fr ?

 

Pour rappel, la première mission de Pôle Emploi telle que décrite dans le Code du Travail, article L5312-1 est de :

Prospecter le marché du travail, développer une expertise sur l’évolution des emplois et des qualifications, procéder à la collecte des offres d’emploi, aider et conseiller les entreprises dans leur recrutement, assurer la mise en relation entre les offres et les demandes d’emploi […].

 

Si Pôle Emploi ne remplit pas son « contrat », de quel droit peut-il exiger des chômeurs de le respecter également ?

 

Cette étude est essentielle dans le contexte actuel de renforcement massif du contrôle de la recherche d’emploi, et de mensonges du patronat et du gouvernement sur un chômage à 9% et les « offres non pourvues ».

22% de la population active était inscrite au Pôle Emploi fin 2019, et seulement 0,6% des offres ne sont pas pourvues ; à Lyon le taux de chômage au 4e trimestre 2019 était de 8,2% pour 5,4% dans le Rhône.

Au 4e trimestre 2019, il y a 154 700 chômeurs inscrits à Pôle Emploi toute catégorie confondue dans le Rhône, 35 872 à Lyon, 3 007 à Saint-Priest et 2 957 à Villefranche. Face à ces chiffres, le nombre d’offres d’emploi sur pole-emploi.fr est au 7 mars 2020 de 33 348 pour le Rhône, 7 888 offres pour Lyon, 1 025 à Saint-Priest et seulement 629 à Villefranche-sur-Saône !

 

 

Étude du 2 mars 2020 à l’Union départementale CGT du Rhône

 

Méthode

Les critères d’analyse sont les suivants :

  • Pour tracer la précarité de l’offre : s’il s’agit d’un CDD, si la durée du contrat inférieure à six mois, si la durée du contrat est inférieure à trois mois, s’il s’agit d’une mission d’intérim, s’il s’agit d’un temps partiel ;
  • Pour tracer la légalité de l’offre : dans le cadre d’un temps partiel si les horaires de travail sont énoncés, si le contrat n’est pas conforme à la réalité (CDD au lieu d’un CDI, … nous avons systématiquement appelé pour confirmation lorsqu’il s’agissait d’un CDI), si en appelant l’on nous dit que l’offre a déjà été pourvue ou que le site internet affiche un lien mort mais que l’annonce reste sur le site de Pôle Emploi, dans le cadre d’un CDD ou d’une mission d’intérim si la durée du contrat porte des mentions contradictoires ou si elle est non conforme à la réalité, si l’offre comporte des mentions susceptibles d’induire en erreur (évolutif, renouvelable, …), si l’offre comportait des incohérences au niveau du métier ou du lieu de travail, si l’annonce était parue en doublon voire triplon (ou plus), si l’offre comporte des mentions discriminatoires, s’il s’agit en réalité d’une offre de commerce.

 

Les résultats

50% DES OFFRES SONT ILLEGALES !

25% des contrats sont des contrats précaires
(Les ¾ de ces offres précaires ne permettent pas de recharger de droits)

 

De plus, diverses observations :

  • Pour l’échantillonage, le choix de la Ville de Lyon dans son entiereté était conditionné par l’imperfection du moteur de recherche d’offres de Pôle-Emploi : On ne peut choisir un arrondissement en particulier !
    Tant pis pour les personnes à mobilité réduite ou les travailleurs privés d’emploi qui souhaitent trouver un emploi à proximité de leur foyer.
  • La plupart des offres indiquées comme CDI sur le site ne mentionnent pas de numéros de téléphone permettant de demander des informations complémentaires. Rien ne permet donc de certifier que les offres sont bien conformes !

 

 

Quelques exemples d’offres illégales

 

Incohérence au niveau de la durée de la mission : dure-t-elle un ou trois mois ?

 

Il ne s’agit pas d’une offre d’emploi mais d’un contrat d’apprentissage !

 

Il existe une période d’essai lors de l’embauche en CDI, mentionner vouloir embaucher en CDD en vue d’un CDI est illégal.

 

Le lieu de travail ne se situe donc pas à Villefranche-sur-Saône mais au Portugal (pour un montant inférieur au SMIC français) !

 

Il ne s’agit pas d’un emploi à Lyon mais à Caluire-et-Cuire. L’annonce est donc caduque.

 

Il s’agit en réalité d’un emploi indépendant, non salarié, donc pas un poste de « conseiller commercial » !

 

Il s’agit d’une vente de commerce et non d’une offre d’emploi !

 

Les revendications de la CGT concernant la diffusion d’offres d’emploi sur pole-emploi.fr

 

  • Depuis 2014 les offres diffusées sur pole-emploi.fr par les plateformes privées (la majorité des offres disponibles sur ce site public) ne sont plus vérifiées par un agent de Pôle Emploi avant diffusion. Pôle Emploi délègue, depuis cette date, aux requins privés du « placement » et aux logiciels internes le contrôle de la légalité des offres.

 

  • Au regard de nos études nationales de 2017, 2018, et 2020, l’algorithme Pôle Emploi et les opérateurs privés sont des passoires pour les offres inexistantes, mensongères et illégales. Durant notre étude, nous avons relevé que 83% des offres provenaient de sites « partenaires » tels que JobiJoba, Indeed, MeteoJob, …

 

  • Nous exigeons que Pôle emploi remette en place un contrôle systématique de chaque offre, avant diffusion, par un agent public formé à cette tâche. Si à une douzaine de camarades, nous avons pu contrôler la conformité de près de trois cents offres en une journée, de quoi serait capable l’institution Pôle Emploi, dotée de ses cinquante mille agents ?

 

  • Pôle Emploi doit cesser d’être complice des requins du privé qui font du profit et créent d’immenses bases de données sur le dos des chômeurs. Nous estimons que les salariés privés d’emploi ont le droit d’avoir accès à des offres existantes, non mensongères, et légales, conformes au code du travail. Une véritable offre d’emploi, légale, est le reflet du contrat proposé par l’employeur recruteur, et non pas un contrat hypothétique.

 

  • La proportion de contrats courts est scandaleuse : la quasi-totalité des offres du transport à Saint-Priest sont des CDD ou des missions d’intérim. Alors même que le décret du 26 juillet 2019, mis en application au 1er novembre 2019, impose à tout chômeur d’avoir travaillé six mois pour ouvrir des droits, et supprime ainsi les droits rechargeables, Pôle Emploi et le patronat redirigent les privés d’emploi vers la misère à perpétuité !

 

  • Nous revendiquons que Pôle Emploi, dans sa mission de service public, propose des emplois durables aux chômeurs, et cesse de leur imposer la précarité voire la misère en ne leur proposant que des contrats courts sans indemnisation.

 

Télécharger le dossier de presse

Scans des offres illégales

L’article et la vidéo de BFM Lyon sur notre enquête

 

Merci aux camarades présents ce jour-là : Ludovic, Karine, Maël, Coralie, Julien, Arno, Ben, Jean-Luc, Mélina, Laurine, Juliette.