Pénurie de main d’œuvre ou abondance d’offres frauduleuses ? La CGT révèle 76% d’offres mensongères à Pôle-Emploi !

Depuis Juin, tous les jours à la télévision, à la radio, dans les journaux : on entend le patronat se plaindre de la soi-disant « pénurie de main d’œuvre ». Patronat et gouvernement prétendent ainsi qu’il y aurait 300 000 offres non pourvues !

De la même manière, Pôle-Emploi affiche plus de 900 000 offres sur son site internet alors que l’on y comptait plus de 6 millions d’inscrits toutes catégories confondues en Juillet. De quoi alimenter les discours les plus réactionnaires sur les chômeurs feignants.

Dans ce contexte de stigmatisation permanent des travailleurs privés d’emploi et précaires, la CGT et son Comité National des Travailleurs Privés d’Emploi et Précaires a réalisé sa 15ème étude des offres diffusées par Pôle-Emploi afin de constater leur légalité.

Pour rappel, selon le Code du Travail (Article L5331-3), « il est interdit de faire publier […] une offre d’emploi comportant des allégations fausses ou susceptibles d’induire en erreur, et plus particulièrement sur les éléments suivants :

  • L’existence, le caractère effectivement disponible, l’origine, la nature et la description de l’emploi ou du travail à domicile
  • La rémunération et les avantages annexes proposés
  • Le lieu du travail »

Notre 15ème étude est inédite tant sur son ampleur – plus de 1900 offres étudiées – que sur son périmètre géographique : plus de 13 villes ont été inclues et un département, la Seine-Saint-Denis.

Ce sont près de vingt militantes et militants du CNTPEP CGT qui ont pris part à cette étude et ont épluché chaque offre, n’hésitant pas à appeler les agences intérim pour constater l’effectivité des allégations affichées sur l’offre et plus particulièrement son existence, sa nature et sa durée.

Après une semaine de travaux, notre constat est sans appel : Pôle-Emploi est hors-la-loi !

76% d’offres illégales : pourquoi le scandale des offres bidons continue ?

Depuis 2016, Pôle-Emploi a décidé d’ouvrir son site aux « partenaires privés » agrégateurs d’offres ou agences d’intérim pour lesquels aucun contrôle n’est effectué par un conseiller formé à cette tâche pourtant essentiel de contrôle. Les conséquences de cette absence de contrôle :

  • 95% des entreprises de travail temporaire diffusent des offres d’un mois ou plus alors qu’elles ne proposent, en réalité, que des contrats initiaux d’une semaine.
  • 95% des entreprises d’aide à la personne diffusent des offres à temps plein ou « temps partiel choisi » – une farce quand on sait que 70% du temps partiel est subi – sans indiquer de planning
  • Les platformes numériques – Well Job, Hello Work, Job in Tree… – diffusent des offres déjà pourvues ou recensées sur le site, voire inexistantes. Près de 90% des offres illégales proviennent de ces plateformes.

Le pacte avec ces « vautours de l’emploi » permet à Pôle-Emploi non pas de faire plus de transparence sur le marché du travail mais d’afficher un haut-niveau d’offres justifiant les discours les plus réactionnaires. Macron en tête a récemment été pris en flagrant délit de mensonge (et c’est un cas de récidive légale) en maintenant sa sinistre formule : « il suffit de traverse la rue pour trouver un emploi » ou encore la Première Ministre madame Borne : « Lorsque tant de secteurs connaissent des difficultés de recrutement, personne ne peut comprendre que nous ayons encore trop de personnes au chômage ».

Cette 15ème étude prouve bien que les discours sur la pénurie de main d’œuvre qui ne repose sur aucune étude sérieuse – les chiffres sont transmis par les fédérations patronales du MEDEF – sont totalement bidons.  L’étude de Février 2022 de Pôle-Emploi sur les offres non pourvues démontrait bien que 90% des offres ont été pourvues et que sur les 10% restant : c’est le patronat qui a retiré son offre dans 80% des cas !

Les résultats par secteur économique étudié

Nous avons identifié quatre secteurs économiques particulièrement intéressant à étudiés car concernés par les problématiques de « pénurie de main d’œuvre » ou de métiers en tension. Il s’agit des domaines du bâtiment, de l’industrie, des services à la personne et aux collectivités, des transports.

Plus le secteur économique est concerné par l’intérim et plus le nombre d’offres illégales diffusées sur le site internet de Pôle-Emploi est important. C’est dans cette mesure que l’on peut comprendre que 95.6% des offres du bâtiment sont mensongères, bidon, inexistantes. De nombreuses entreprises de travail temporaire publient des offres dans le seul but de se constituer un vivier d’intérimaire sans pour autant qu’il y ait un véritable emploi derrière l’offre !

Le second domaine affichant le plus fort taux d’illégalité est celui des services à la personne et aux collectivités qui avoisine les 80%. En plus de trouver des offres comportant « des allégations fausses ou susceptibles d’induire en erreur » comme temps-plein à la place d’un temps partiel ; nous avons trouvé un grand nombre d’offres provenant de l’éducation nationale pour être professeur contractuel alors que le nombre de postes ouverts par voie de concours ne fait que baisser et des offres de free-lance notamment dans le domaine de l’informatique.

Viennent ensuite les domaines des transports et de l’industrie avec respectivement 75.7% et 67.4% des offres qui sont mensongères. Nous apprécions ces résultats à la lumière du contexte médiatique de stigmatisation des chômeurs sur lequel le gouvernement s’appuie pour justifier une nouvelle réforme assassine et la guerre menée dans le cadre du contrôle de la recherche d’emploi.

Le domaine des transports fait partie de la short-list des secteurs économiques identifiés par la Direction Générale de Pôle-Emploi dans l’optique de créer un « vivier » de chômeurs. Les travailleurs privés d’emploi et précaires recherchant un emploi dans ce secteur (« conduite de transport de marchandise », « « conduite de transport de particulier », « conduite de transport en commun sur route »…) auront un entretien de « positionnement » qui se conclura par soit une orientation vers le vivier, une réorientation professionnelle, soit… un contrôle de la recherche d’emploi !

A l’aulne de notre étude nous le disons haut et fort : « Pôle-Emploi contrôle tes offres, pas les chômeurs » ! Comment peut-on accepter cette nouvelle attaque quand 75.7% des offres sont mensongères, bidons, ou illégales et qu’aucun débat n’ait lancé sur les conditions de travail dégradées et les faibles salaires qui caractérisent les emplois de ce secteur ?

Pôle-Emploi hors-la-loi : nous voulons une enquête !

La première mission attribuée à Pôle-Emploi par le Code du travail (Article L5312-1) consiste à « prospecter le marché du travail, développer une expertise sur l’évolution des emplois et des qualifications, procéder à la collecte des offres d’emploi, aider et conseiller les entreprises dans leur recrutement, assurer la mise en relation entre les offres et les demandes d’emploi et participer activement à la lutte contre les discriminations à l’embauche et pour l’égalité professionnelle ».

Quand plus de 75% des offres que l’opérateur publie sur son site est illégal, force est de constater que la Direction générale ne fournit plus les moyens nécessaires aux conseillers pour remplir cette mission de service public !

Nous exigeons que cesse le diffusion d’offres venant des vautours de l’emploi qui font du chômage un business en mentant sur les offres dans le seul but de gagner des clics sur le site et de vendre des données personnelles de travailleurs privés d’emploi et précaires !

Chaque offre proposée par Pôle-Emploi doit faire l’objet d’une vérification par un conseiller formé à cette tâche, qui contrôlera que celle-ci est bien le strict reflet du contrat qui sera proposé au travailleur.

Pour que ce scandale cesse et après de multiples interpellations sans retour de la Direction Générale de Pôle-Emploi, nous demandons qu’une enquête soit réalisée sur les offres diffusées de Pôle-Emploi par une équipe de la Direction Générale de la Consommation, de la Concurrence et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) comme le permet l’article L5333-1 du code du travail : « Les agents de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes sont habilités à rechercher et constater, dans les conditions prévues à l’article L. 511-5 du code de la consommation :

1° Les infractions aux dispositions de l’article L. 5331-3 ;

2° Les infractions aux dispositions de l’article L. 5331-5. ».

Pour cette 15ème étude, nous nous sommes rendus à Lourdes mais sans miracle nous y avons relevé 82.3% d’offres mensongères !

Plus que jamais, les travailleurs privés d’emploi et précaires doivent s’organiser et se mobiliser pour en finir avec les politiques répressives de Pôle-Emploi et les discours stigmatisant et humiliantdu gouvernement !

Grille d’analyse finale : SYNTHESE GEN

Liens vers les 1900 offres étudiées :

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