Avec l’explosion du chômage partiel, la barre symbolique des 10 millions de privés d’emploi a été franchie, il ne se passe pas un jour sans que l’on nous parle du déficit de la Sécurité Sociale et de celui de l’UNEDIC.
Il ne s’agit pas ici de revenir sur les raisons de ce déficit mais rappelons qu’il a été artificiellement construit en séparant les caisses les unes des autres, en exonérant les employeurs de cotisations sans que l’Etat ne les compensent totalement, en sortant une part croissante des salaires de l’assiette des cotisations pour privatiser des pans entiers de la protection sociale.
Pour ne prendre que l’exemple de la branche maladie : on compte environ 30 millions d’adhérents dans les complémentaires santé (assurances et mutuelles) qui déboursent en moyenne 100€ par mois soit 36 milliards par an. Le bénéfice de ces complémentaires de santé, vendues pour la plupart par des entreprises privées qui se font de l’argent sur la santé des travailleurs, est deux fois supérieur au « déficit » de la branche maladie !
Les vautours de la protection sociale au temps du coronavirus : la CGT demande à ce que l’état de catastrophe sanitaire soit décrété !
La Sécurité Sociale fonctionne selon un principe simple : « je cotise selon mes moyens, je reçois selon mes besoins » ! Ce principe est intrinsèquement révolutionnaire puisqu’il est totalement étranger à la logique mortifère du profit ! Ce qui n’est absolument pas le cas des grandes compagnies d’assureurs privés, qui maximisent leurs recettes et minimisent leurs dépenses.
Au lieu de demander aux entreprises qui font des bénéfices de se solidariser avec celles en difficulté pour maintenir les salaires, le gouvernement fait le choix d’endetter la Sécurité sociale et l’UNEDIC.
Ce faisant, il amplifie les politiques qui ont mené à la catastrophe sanitaire et sociale que nous avons sous les yeux, et qui contraint des milliers de travailleurs à faire appel aux colis alimentaires et aux soupes populaires pour survivre.
La CGT fait une autre proposition.
« On a appelé le gouvernement à décréter l’état de catastrophe sanitaire, comme dans le cas des catastrophes naturelles. Ce serait le moyen de mettre à contribution les assurances. En effet, les contrats d’assurance ne couvrent pas ce genre de crise sanitaire. Il aurait fallu, et ça peut toujours se faire, que l’Etat décrète une catastrophe sanitaire de manière que les assureurs payent, par exemple, la différence des salaires. Les assurances ont fait un geste de 500 millions. Si l’on compare ce montant au chiffre d’affaires d’AXA, ce n’est pas grand-chose. » Philippe Martinez, Secrétaire Général de la CGT.
La protection sociale : un enjeu de classe !
A l’heure du coronavirus, tous les travailleurs doivent être mis à l’abri rapidement. Mais la mise à l’abri des travailleurs en emploi ne doit pas servir de prétexte au gouvernement et au patronat pour réduire les droits des travailleurs hors emploi.
La protection sociale est un enjeu de classe car soit le patronat paye la crise soit c’est l’ensemble des travailleurs ! Et l’État a un avis bien tranché sur la question : Gerald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics, a annoncé un report de plus de 16 milliards d’euros des cotisations sociales et prévoit même de les annuler !
Toutes les mesures prises par le gouvernement préparent un endettement toujours plus aggravé de notre protection sociale. Pourquoi ? Parce que la dette permet de financiariser la protection sociale et donc de faire de la spéculation ! Le groupe d’audit citoyen de la dette de l’assurance-chômage (Gacdac) a rendu public, en Avril 2018, un rapport sur la dette de l’Unédic et sur ses créanciers qui opèrent dans les paradis fiscaux , parmi lesquels banques, assureurs, fonds de pension…
Défendre et reconquérir la sécurité sociale : une question de vie ou de mort !
Pour faire simple : Les capitalistes financiers se font de l’argent en creusant la dette de l’UNEDIC, en organisant le chômage de masse, au détriment de la vie de plus de 14 000 travailleurs chaque année !
Pour le Comité National CGT des Travailleurs Privés d’Emploi et Précaires, il est temps d’en finir avec les rapaces de la finance. Nous devons reconquérir la gestion démocratique – 100% travailleur – d’une Sécurité Sociale – intégrant l’assurance chômage – financée exclusivement par des cotisations sociales et couvrant tous les travailleurs de tous les risques auxquels le patronat nous confronte de la naissance à la mort.
Plus que jamais, la Sécurité Sociale est bien une idée neuve et révolutionnaire !
Pour qu’elle survive au coronavirus l’Etat doit décréter l’état de catastrophe sanitaire et mettre à contribution le capital par la socialisation des dividendes.